Marathon de Paris: bizarre vous avez dit bizarre

Salut tout le monde,

un retour rapide sur mon premier marathon, avec en parallèle, quelques petites réflexions:

un temps superbe, beaucoup beaucoup de monde (spectateurs et coureurs), la sensation d'y être enfin et de pouvoir en découdre et pourtant....

Arrivée 15 mns avant le départ dans le sas 4H, le temps s'écoule rapidement, on se retrouve moi et un ami rapidement happés dans le sas 3H45 mais on suit à la lettre notre plan de marche: pas de départ rapide, et surtout ne pas se laisser emporter par la foule.
Bref, les deux premiers kms se font tranquillement, histoire de finir l'échauffement, je vois déjà le premier meneur d'allure 3H45 me dépasser, des coureurs pour diverses raisons partir très (trop) vite, tout le monde essaye de trouver sa place.
KM0 au KM10: 57mns15, sensations étranges, comme une sorte de faux rythme, ralentissement, esquive, toujours lucide et concentré.

Semi-marathon: 1h58mns11, toujours ces mêmes sensations.

KM30: 2h48mns47, j'attends avec impatience le mûr , je suis d'autant plus prudent que les défaillances se multiplient autour de moi depuis plusieurs kms, mais pas de fatigue particulière, juste une petite ampoule qui vient me titiller le gros orteil de temps en temps, un arrière goût de gel dans le fond de la bouche; j'ai bu régulièrement depuis les premiers kms (j'avais emporté avec moi une bouteille dès le départ au cas où), agrémenté par la prise de gels tous les 5 ou 6kms.

KM35: 3h17mns , il fait vraiment beau, un petit vent frais de ci de là qui fait du bien, les jambes sont ok mais une petite gêne au niveau de l'ischio droit me titille, je sais que la crampe est proche et même si j'ai envie d'accélérer un peu, je gère pour la retarder le plus possible.

KM38: la crampe me cloue sur place, mon ami s'arrête avec moi quelques secondes, je lui dis de repartir immédiatement, je n'ai pas paniqué outre mesure, même si à un moment j'ai cru que ça allait pourrir la fin de mon marathon.
Après m'être étiré, je repars, plus de gêne tout est ok, donc je reprends un rythme régulier qui est cassé quelques centaines de mètres plus par un accrochage avec un concurrent qui a essayé tant bien que mal de me doubler: il m'accroche le talon et dans un mouvement réflexe, la crampe ressurgit immédiatement: je m'arrête net, lui continue sa marche sans s'excuser, je réitère mon étirement et je repars: ça a cassé mon rythme mais je sais qu'en gérant je finirais en moins de 4h.

KM 42.195: 3h59mns20, le poing serré.

J'arrête mon chrono, je marche tranquillement, je rends ma puce, récupère maillot, poncho et médaille, me restaure un peu, et j'observe la foule, de gauche à droite: des coureurs allongés, d'autres en train de se faire masser, je rejoins doucement le point de rendez-vous que nous nous étions fixés avec mon ami.

Je m'étire, j'observe les différents participants regagnés leurs voitures respectives, et je me surprends à ne rien ressentir.

Mon ami arrive, je le félicite, on prends quelques photos, on se remémore des bouts de course, il me dépose chez moi et toujours rien.
Et jusqu'à aujourd'hui, je suis presque déçu et énervé de ne pas ressentir une joie immense, l'impression de ne pas réaliser ce que je viens de faire.

D'un point de vue chronométrique, je suis bien sûr content, partir pour faire 4H et atteindre son objectif du premier coup, c'est quand même bien, surtout que mis à part cette crampe du 38 ème, tout s'est bien passé.
Mais c'est plus d'un point de vue émotionnel, des sensations de course dont je parle: j'ai toujours eu l'impression d'avoir un faux rythme, que ce soit sur les premiers ou derniers kilomètres; ceci s'expliquant à la fois par la foule, la prudence, la concentration et une certaine lassitude.

La foule, parce qu'il y a énormément de monde, mais entre les slaloms, les ralentissements, les évitements, les prises en étau, les accrochages etc... je n'ai jamais eu un rythme fluide et régulier , non pas que j'aurais pu aller plus vite, mais cela a gâché dès le départ ma course; je ne prenais pas de plaisir, je ne retrouvais pas les sensations de l'entrainement, même au début, et comme je me suis montré extrêmement prudent, notamment entre le 28 ème et le 35 ème, j'ai eu la médaille et le revers de la médaille: je n'ai pas connu de mûr ni de défaillances, même si ça commence à devenir très long sur la fin, surtout mentalement, j'ai géré presque parfaitement les ravitaillements mais je ne me suis pas amusé, je n'ai pas pris de plaisir, je n'ai pas ressenti d'émotions, même en franchissant la ligne .

Ce qui est quand même un comble.

J'en attendais peut-être trop, entre les récits et les discussions que j'ai pu lire ou avoir, entre l'effervescence une fois arrivé sur les champs, devant cette foule immense, entre le stress durant la dernière semaine etc...
Tous pleins d'éléments qui ne m'ont pas fait vivre cette course comme je le devais, ou comme je l'espérais.

Voilà, sentiments très partagés, heureux de l'objectif réalisé mais pas content de moi au niveau du plaisir et de l'émotion (bien sûr ça ne se commande pas, mais en voyant les autres si heureux, je suis limite un peu jaloux).

Et surtout, je tenais à signaler ceci: au vu des défaillances que j'ai pu voir à partir du semi, et surtout à partir du 32 ème kms, je tiens à féliciter tout particulièrement Xav, Beaugoss, Wilf et tous ceux qui ont fini dans la difficulté (vous me laissez admiratifs les gars, chapeau bas ), ainsi que Pingouin, Mickarun et tous ceux qui ont atteint leurs objectifs: on a fait la même course, on a connu chacun des fortunes diverses, mais comme je suivais un peu au fil des posts la progression de chacun, je tenais à vous faire ce clin d'oeil en vous saluant et vous félicitant.

C'est fait.

Bonne continuation à tout le monde.

Salut Superminds,

Excellent CR et super analyse de la course, un vrai plaisir de te lire ! Merci aussi pour le clin d'oeil !

Pour ce qui est des sensations, je suis un peu dans le meme état d'esprit que toi, sauf que pour moi ca vient surtout du fait que je suis aigri par mon résultat.

Et puis ce matin, en déambulant comme je pouvais jusqu'a mon bureau, plusieurs collegues sont venus me voir et me féliciter, en me disant qu'ils vendraient leur ame pour pouvoir courir un marathon, meme avec 20 secondes de trop, et que je devais etre fier de moi, meme sans avoir atteint mon objectif. Et puis ca a commencé a faire son chemin dans ma tete, et ce n'est que maintenant que je réalise que c'est tout de meme quelque chose pas mal de boucler ces 42 bornes, et que je suis desormais marathonien, chose que je ne m'etais pas encore dite !

Pour la course, idem, je n'ai pas pris beaucoup de plaisir, mis a part le depart sur les Champs; ensuite, bizarrement, je ne garde presque aucun souvenir de ma course, alors que d'habitude je suis capable de décrire presque chaque kilometre parcouru, c'est assez déroutant...

Quoi qu'il en soit, félicitations pour ton chrono, et tu verras, dans peu de temps je suis sur que tu va te rendre compte de ce que tu as fait et que tu pourras alors feter ca dignement !!

A+

Salut Kamel
Tout d'abord Bravo pour ton marathon.
A défaut d'avoir éprouvé une joie immense à l'arrivée, te voilà marathonien pour la vie

Pour ce qui est des sensations ressenties à l'arrivée, j'ai connu exactement la même chose que toi lors de mon premier marathon. J'ai trouvé ça long et presque ennuyeux. Absence de joie à l'arrivée.

Je vais sans doute refaire une tentative le 09 mai sur le marathon du Mont St Michel, avec une petite préparation sur 6 semaines et 3 séances hebdomadaires. Si je ressens les mêmes sensations qu'à l'arrivée de mon premier marathon, pas sur que j'en refasse un jour....
Donc pas envie pour le moment de m'investir dans une préparation digne de ce nom

Donc soit rassuré, tu n'es pas le seul à avoir connu cette impression bizarre à la fin de son premier marathon

Slt,

Comme toi ,l'an dernier premier marathon et à l'arrivée ,content sans plus, je voulais le terminer sans vraiment tirer sur la bête
Cette année, je me suis dépouillé du début à la fin( j'ai gagné 20 minutes,alors que j'ai du ralentir fortement voire marcher pdt 6~7 km -> point de côté), j'ai fini à l'arrache est au mental, et à l'arrrivée, je me suis mis à chialer ,comme pour évacuer l'effort et la tension.
Alors ces émotions tu les auras l'an prochain

@ Xav: effectivement rageant pour le chrono, à quelques secondes près, mais tout cela est tempéré quand même par ta blessure et ton arrêt précédant ta préparation marathon et tes douleurs sur celui-ci.
ça montre quand même une grosse force mentale et ça laisse présager de bonnes choses pour la suite.
Donc de très grosses félicitations à toi , bon repos et bonne chance dans tes prochaines aventures.

@ Gilles:je m'étais souvenu de ton compte-rendu de l'an dernier, évoquant notamment ce côté long et ennuyeux.
Pas sûr que j'en refasse un, quoique je reste un peu sur ma faim.
Je garde un souvenir plus sympa de mon premier semi, distance vraiment agréable.
En tous cas, bonne chance pour le Mont Saint-Michel, j'attendrais le récit de ta course pour voir si la tendance s'est confirmée.

@ Desbutes: l'an prochain je ne suis pas sûr, en tous cas, je ne pense pas refaire le MDP de si tôt, vraiment trop de monde (mais bonne première expérience, à vivre au moins une fois), mais pourquoi pas un plus petit, ou peut-être à l'étranger.
Nous verrons cela à la rentrée prochaine.
Et félicitations pour ton record cette année. .