S'équiper pour la course à pied

Biscatrail 32 km ou comment écrouler le château de sable

Biscatrail 32 km ou comment écrouler le château de sable a été créé par StéphaneT

Posted il y a 6 ans 4 mois #490539
Bonjour à tous. Pour une fois il ne m'est pas tellement facile d'écrire un compte-rendu. Autant l'avouer, pour le moment je n'en ai pas envie. Je le fais pour pouvoir le relire et me souvenir de ce moment plus tard, au cas où ma tête éclate encore. ;)

Je reviens sur la course et sur ma préparation un instant. Si dans les Landes il n'y a pas de montagnes, pas de vertiges, pas de vallées encaissées ni de sentiers serpentant entre des rochers millénaires, il y a tout de même des trails. Le Biscatrail dans cette version fait 32.80 km. Openrunner indique un peu plus de 315 m de D+ et autant de D-. Ce ne sont pas vraiment les côtes qui font peur mais plutôt le sol sur lequel les coureurs déroulent. Presque uniquement du sable type pare-feu, cordon dunaire, piste ou chemins forestiers. Trois ou quatre km sur piste stabilisée le long du lac de Biscarosse.
L'an passé j'avais couru le 18 km sans aucune pression. J'y allais pour découvrir l'exercice et prendre un maximum de plaisir. J'avais fini dans le dur sur les 2 ou 3 derniers km. L'accumulation d'expérience avec de nombreuses sorties autour et au-delà des 20 km m'ont petit à petit conforté dans l'idée que le 32 km constituait un bel objectif pour 2017.
Dès janvier, je savais donc que je courrai cette course. Mon premier semestre tournait autour d'un swimrun préparé en duo avec ma fille, le second était consacré au Biscatrail.
Cet été, j'ai rallongé mes SL, j'y ai mis un peu de rythme pour sortir d'une certaine zone de confort dans laquelle je me plaisais bien.
Pour le plan, j'ai monté une hybridation d'un plan marathon tiré de Jack Daniels parce que j'avais beaucoup aimé suivre son plan Bleu au printemps/été dernier. A rebours je me dis que ce plan n'était pas le plus indiqué mais avec des si, on arrêterait de courir tout simplement...

Bilan du plan :

12 semaines, 5 sorties hebdos
Séances effectuées : 59 sur 59
Nombre total de km : 718.33 km
Volume de travail : 67:22:15
Allure moyenne : 5'37" - 10.66 km/h
Dénivelé total : + 4678 m
www.conseils-courseapied.com/component/c...plans&num_plan=37744

Ma plus grosse SL a été faite à S-4 avec 27 km pour 2h25. J'ai alterné les EF et les séances spécifiques. J'ai couru un 10 sur route et mes sensations ont oscillé entre d'abord une certaine excitation, ensuite pas mal de fatigue et pour finir une décélération qui m'a fait du bien. Mentalement j'étais prêt. Physiquement aussi. Peu d'alcool le mois précédent, aucun la semaine dernière. J'ai essayé de mettre le maximum de chances de mon côté. Il y a surement beaucoup à dire sur cette prépa, j'en glisserai sans doute un mot après mon compte-rendu, pour le moment je pense seulement qu'elle m'a fait progresser très vite.
Durant cette prépa, j'ai accentué le travail de renforcement physique et nagé en moyenne une fois par semaine.

La course.

Je passe une bonne nuit même si je me réveille une heure avant l'heure... Je prends mon petit-déjeuner habituel à 5h45, 3h00 avant le départ. Je ne me sens pas stressé et mon rythme cardiaque indique mon niveau normal de pulsation au réveil : autour de 50. OK, les signaux sont au vert.
On part avec toute la famille vers 7h40 pour arriver sur les lieux vers 8h30. Le temps de se garer, de récupérer le dossard, de m'échauffer tranquillement, les coureurs se rassemblent derrière l'arche.
Comme d'habitude, on entend rien à ce que nous dit l'organisateur puisque une nouvelle fois, les enceintes du micro sont tournées vers le public... et pas vers les coureurs. Pas grave !

Le départ est sifflé et je comprends d'emblée que mon coeur s'était planqué quelque part tout ce matin mais qu'il est bel et bien avec moi aujourd'hui. Après 500 m, je suis déjà à plus de 150 pul, 161 après 1 km... Je me dis que c'est l'excitation, que ça va passer... La course démarre en centre-ville et bascule vite sur la plage pour 2.5 km le long de l'océan. C'est marrée haute ce matin, le sable est mouillé, les appuis pénètrent 10 à 20 cm dans le sable, on pioche tous un peu. Le coeur continue de grimper. En sortant de la plage, j'en suis à 174, soit les pulsations que j'atteins quand je cours au seuil autour de 4'20/km, ce matin sur ces 3 premiers km, je tourne à 5'30 pour un cardio moyen à 161 (82.5%), max 174 (89%)...
Sur le moment, je me dis que c'est normal que mes puls montent mais que je vais me maintenir autour de 160~162.

[strike]Vous savez quoi ? Pour le moment je me saoule moi-même à écrire ce compte-rendu. J'y reviendrai plus tard avec un peu plus d'inspiration. ;)[/strike]

EDIT : suite. ;)

Après la plage le parcours emprunte un sentier qui longe la dune côté est. J'avais beaucoup aimé ce passage l'an dernier. Après la plage, t'as la sensation de dérouler facilement. Je pense que j'ai fait ici une nouvelle erreur. Plutôt que de laisser mon coeur redescendre à son niveau habituel, j'ai profité du terrain roulant pour "rattraper" du temps. Erreur, en course on ne rattrape pas le temps, puisque seul compte le temps au passage sous l'arche.
A l'analyse, je réalise que sur ces premiers 5 km, mon plan de bataille initial a déjà volé en éclat. L'emballement, l'impression de facilité donné par les dernières sorties longues du plan, je pense que tout ça a généré un gonflage de tête inopiné et inopportun. L'humilité doit être maîtresse de tous les sports d'endurance et j'en ai cruellement manqué.
Je commence à me connaître un peu en course. Je sais que sur semi ma FC moyenne va tourner autour de 170~172, sur 10 elle prend 6 ou 7 points. J'avais donc établi arbitrairement que 165 serait un seuil sur 30 km. Que passer au delà de ce seuil serait dangereux pour la bonne poursuite de la course. Or sur ces 5 premiers km, je suis déjà à 163 puls de moyenne, comment espérer bien finir dans ces conditions ?

1/ 0:27'05.9 163 (117-175) 83% 5,00 km 5'25/km (10'25-3'52) 30 m D+ 24 m D-

La suite du parcours est un long pare-feu qui est à la frontière entre la Gironde et les Landes. Globalement montant, il n'y a pas de sentier sur lequel prendre appui, guère plus qu'un sable un peu plus tassé en lisière de forêt. Ce moment est délicat pour les coureurs. Chacun se met à la file de l'autre et concrètement, l'allure générale est dictée par le chef de file. Trop ou pas assez de rythme, difficile à dire. Doubler vous fait piocher dans le sable mou, rester dans le train peut tout autant vous faire ralentir.
Moi je suis l'allure. je sais qu'après il y a deux belles bosses que beaucoup de coureurs vont passer en courant ; à ce moment-là j'ai encore la lucidité de m'apercevoir que malgré l'allure d'escargot, je suis quand même parti trop vite et que si je ne ralentis pas, je vais aller dans le mur.
Donc je ralentis. La première côte arrive et je la grimpe en marchant. Pour la suivante également.
Je me sens mieux avec mon nouveau plan de course en tête. Ce qui m'ennuie, c'est que les puls ne baissent pas vraiment. Pas du tout même. Mais sur le moment, j'ai la conviction que ma tactique est la seule possible vue mon départ trop rapide. Les 3h00 envisagées sont déjà perdues dans ma tête. Je pense alors pouvoir terminer en 3h15.

2/0:29'21.0 170 (165-178)87% 5,00 km 5'52 (9'15-3'12) 90 m D+ 57 m D-

Autour du 12ème, j'ai le plaisir de voir Jojo me taper dans la main. Il me glisse un enthousiaste "t'es dans les 100" ! Et je dois dire que ça me galvanise. 300 inscrits, si je reste à ce niveau ma course serait réussie tout de même.
Sur ce tronçon, on redescend vers le lac de biscarosse que l'on va longer ensuite sur 2 ou 3 km. C'est du bitume. J'ai oublié de préciser que je bois quelques gorgées à chaque montée. Il fait frais et commence même à pleuviner. Du coup je zappe le ravito du 12ème. Je me sens bien et comme je n'ai pas pris de gobelet et que ça me saoule de devoir m'arrêter pour enlever mon sac et remplir la poche à eau à leurs robinets, je passe sans m'arrêter.
Une belle idiotie là aussi.
Sur la piste cyclable, mon allure que je devais pourtant maintenir autour de 6'00/km pour finir en 3h15, est trop rapide. Je vais chercher à mon habitude à tourner autour de 5'15. Du coup je ne permets pas à mon coeur de profiter du répit offert par l'absence de difficulté du terrain.
Deuxième omission, j'ai oublié de dire que j'ai aux pieds la mauvaise paire de chaussures. Celles que je prends sur les SL est restée à la maison, les Nike que j'ai aux pieds (drop 4) ne me servent que sur des sorties de 12 ou 13 km maxi.
Et je commence à les sentir. Est-ce que c'est dans ma tête ? Peut-être. J'ai la sensation d'une vibration au contact du sol, c'est très désagréable.
Après la piste le chemin repart vers le sud-ouest et la forêt. Quelques bosses là aussi mais je me sens mieux en forêt que sur la piste cyclable. Je commence à sentir un peu le froid sur moi.

3/0:28'47.0 167 (162-174)85% 5,00 km 5'45/km (15'09-3'32) 30 m D+ 45 m D-

Côté énergie je me sens bien. Aucune lassitude en course, je me découvre cette partie du parcours. On discute avec quelques coureurs des difficultés qui nous attendent. Certains sont persuadés que nous allons repasser par la plage et ça se propage comme une traînée de poudre. Or j'ai regardé le parcours et nous finissons comme l'an passé par une traversée du centre ville.
Niveau cardio, c'est mieux. Mais j'ai un tremblement à l'arrière du mollet droit qui commence à m'inquiéter. Je bois une grosse rasade en espérant reculer ce que je sais inéluctable. Je vais avoir une crampe très bientôt, et elle va faire mal. Je ralentis encore l'allure pour freiner le développement de la crampe. Le parcours est compliqué à cet endroit. Beaucoup de virages et de relances. Je commence à me faire doubler.

4/0:31'47.0 168 (164-173)86% 5,00 km 6'21/km (27'46-3'24) 60 m D+ 57 m D-

Il y a un ravito autour du 23~24 ème km. Depuis 3 km, les crampes sont là. Mes mollets droit et gauche flagellent. Ils bougent tous seuls. Deux trois fois, le mollet droit tétanise et je ralentis pour supporter la douleur. Au ravito, le pompier me demande si tout va bien. Il regarde mes jambes et me dit que je peux jeter l'éponge si je le souhaite...
A partir de là, je sais que je vais finir douloureusement. Il reste encore le mur à passer.
Au 24 ème, un crampe me saisit à la cuisse et je manque chuter tellement elle me bloque sur place.
Je suis frustré. A un compagnon de galère qui court avec moi depuis quelques kms, je glisse un "pour une fois que la tête veut, c'est le corps qui suit pas". J'ajoute aujourd'hui que la tête voulait, mais que j'avais le plein de carburant pour le faire aussi. Pas une fois je n'ai ressenti de fatigue là où sur semi et sur le 18 l'an passé j'avais subi un gros creux. Rien de ça dimanche. Seulement une allure d'escargot parce que courir plus vite engage une douleur intolérable. Dès que je tente de réaccélerer, la crampe m'arrête.
Je prends sur moi et accepte l'ineffable.
Ma course devient une balade ridicule. Tout le monde me double et je ne peux rien y faire !

5/ 0:33'57.0 162 (152-170)83% 5,00 km 6'47 (0'00-3'58) 60 m D+ 69 m D-
6/0:38'48.0 162 (151-169)83% 5,00 km 7'45/km (0'00-3'42 114 m D+ 132 m D-
7/0:18'40.1 164 (160-171) 84% 2,83 km 6'35/km (12'49-4'30) 12 m D+ 9 m D-

Voilà, tout est dit. Mauvaise gestion, mauvaise réaction, mauvaise anticipation = course ratée.

Je finis en 3h28 pour 32.80 km, 140 ème sur 220 classés.

Kms 32.83 km
Temps 03:28:26
FC Maxi 178 (91%)
FC Moy 166 (85%)
Dénivelé + 516 m
Allure moyenne : 6'20"/km soit 9.45 km/h

Je reviendrai plus tard écrire un paragraphe pour tenter de tirer quelques leçons.

Merci à vous de m'avoir lu. ;)
Last Edit:il y a 6 ans 4 mois par StéphaneT
Dernière édition: il y a 6 ans 4 mois par StéphaneT.
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: Patrick57, jeanmarc, Fekran

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Réponse de jeanmarc sur le sujet Biscatrail 32 km ou comment écrouler le château de sable

Posted il y a 6 ans 4 mois #490560
Pour te motiver un peu dit toi que ton récit servira sûrement aux autres pour l approche des Trails ;)
par jeanmarc

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Réponse de StéphaneT sur le sujet Biscatrail 32 km ou comment écrouler le château de sable

Posted il y a 6 ans 4 mois #490579
T'inquiètes, je vais reprendre, je n'ai pas l'habitude de laisser les choses en plan. ;)

Mais bon, faut aussi savoir avouer quand on se trouve soi-même un peu chiant ! :laugh: :pinch:

Je reprends demain. ;)

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Réponse de charly_yep sur le sujet Biscatrail 32 km ou comment écrouler le château de sable

Posted il y a 6 ans 4 mois #490581
Alle Steph la suite :) .

Mais ça démarrait pas si mal ce CR.

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Réponse de mcstn6667 sur le sujet Biscatrail 32 km ou comment écrouler le château de sable

Posted il y a 6 ans 4 mois #490592
Je viens de commencer à lire et effectivement, c'est comme les séries, il y avait une accroche, un titre sympa, un élément à venir soit dramatique soit perturbateur, il faut attendre la suite la semaine prochaine ? :)
Last Edit:il y a 6 ans 4 mois par mcstn6667
Dernière édition: il y a 6 ans 4 mois par mcstn6667.

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Réponse de StéphaneT sur le sujet Biscatrail 32 km ou comment écrouler le château de sable

Posted il y a 6 ans 4 mois #490607

charly_yep écrit: Alle Steph la suite :) .

Mais ça démarrait pas si mal ce CR.

Phildu35 écrit: Je viens de commencer à lire et effectivement, c'est comme les séries, il y avait une accroche, un titre sympa, un élément à venir soit dramatique soit perturbateur, il faut attendre la suite la semaine prochaine ? :)


Y'a aucun teasing de ma part d'autant que le résultat n'est vraiment pas à mon avantage.
Je vais éditer le premier post avec la suite. ;)

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Votre nutrition sportive sur marathon

Temps de génération de la page : 0.256 secondes